Quatrième de couv’ : Dans un futur lointain de quelques centaines d’années, les hommes vivent dans une station spatiale loin de la Terre et régie par une multinationale à qui est voué un véritable culte. En apparence, tout le monde semble se satisfaire de cette « société parfaite ». Dans ce contexte, les hommes veulent repousser leurs propres limites et devenir les égaux des dieux. C’est en mettant en place un programme visant à créer la vie à partir de rien sur Shangri-La, une des régions les plus hospitalières de Titan, qu’ils comptent bien réécrire la « Genèse » à leur façon. |
Infos utiles :
Nationalité de l'auteur : Française
Éditeur : Ankama – 222 pages
Genre : Science-Fiction
Prix : 19.90 €
Acheter ce livre : Papier
Nationalité de l'auteur : Française
Éditeur : Ankama – 222 pages
Genre : Science-Fiction
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Mon Avis :
De Mathieu Bablet, j'ai déjà dévoré La Belle Mort (avec cette chronique toute minimaliste qui me caractérisait à l'époque où ce blog n'en était qu'à ses balbutiements) et le magnifique diptyque Adrastée.
J'avais entendu le tohu-bohu qu'a suscité Shangri-La en 2016 sans pour autant me laisser porter par cette foule en délire : moi et le contre courant, vous savez...
Je savais que j'allais finalement y venir, quand ça par contre, je n'aurais pas misé là-dessus. Et puis il y a eu la sortie de Carbone & Silicium. Donc plutôt que de sortir de la librairie avec seulement ce dernier titre, je me suis laissée emportée par les deux exemplaires côte côte sur les étagères.
Grand bien m'en fasse.
De Mathieu Bablet, j'ai déjà dévoré La Belle Mort (avec cette chronique toute minimaliste qui me caractérisait à l'époque où ce blog n'en était qu'à ses balbutiements) et le magnifique diptyque Adrastée.
J'avais entendu le tohu-bohu qu'a suscité Shangri-La en 2016 sans pour autant me laisser porter par cette foule en délire : moi et le contre courant, vous savez...
Je savais que j'allais finalement y venir, quand ça par contre, je n'aurais pas misé là-dessus. Et puis il y a eu la sortie de Carbone & Silicium. Donc plutôt que de sortir de la librairie avec seulement ce dernier titre, je me suis laissée emportée par les deux exemplaires côte côte sur les étagères.
Grand bien m'en fasse.
Changement drastique pour ce qui caractérisera l'univers : Shangri-La est un space-opéra là où Adrastée reprend l'histoire d'un roi immmortel, plutôt axé fantasy tandis que La Belle Mort s'oriente plus vers de la SF post-apo. L'intrigue se déroule donc dans l'espace, sur une station orbitale, car l'Homme a dû fuir la Terre suite à une catastrophe écologique. L'on y suivra Scott, un jeune homme sans histoire dont la morne vie est régit de A à Z par Tianzhu Enterprises et ses sorties de nouvelles technologies servies aux habitants pour étouffer leur ennui. Une société de consommation portée aux nues, où l'on vit, l'on mange, l'on achète, l'on travail pour une seule et même société... De quoi donner quelques frissons à quiconque fera un parallèle avec la réalité. |
A côté de ça, le frère de Scott, Virgile, fait parti intégrante de la rébellion et y est un membre actif. Il milite contre ce système et ce qu'il semble caché. La dualité entre les deux frères est intéressante et offre au lecteur un panel de réactions face à la situation : subir ou se rebeller.
Entre ces deux personnages, il y a John, un animoïde, fruit de modifications génétiques donnant un être anthropomorphe mi-humain, mi-animal capable de parler. La société décrite ici est hiérarchisée et, tel malheureusement les Noirs Américains au début du siècle dernier, les Animoïdes sont séparés du reste de la population par une ségrégation crasse, les empêchant de s'intégrer pleinement. Avec ce personnage, Mathieu Bablet pousse loin la question du spécisme et du racisme qui en découle et ce que cela peut entrainer, va jusqu'à rendre mal à l'aise le lecteur avec une scène particulièrement poignante et disons-le carrément écœurante.
Entre ces deux personnages, il y a John, un animoïde, fruit de modifications génétiques donnant un être anthropomorphe mi-humain, mi-animal capable de parler. La société décrite ici est hiérarchisée et, tel malheureusement les Noirs Américains au début du siècle dernier, les Animoïdes sont séparés du reste de la population par une ségrégation crasse, les empêchant de s'intégrer pleinement. Avec ce personnage, Mathieu Bablet pousse loin la question du spécisme et du racisme qui en découle et ce que cela peut entrainer, va jusqu'à rendre mal à l'aise le lecteur avec une scène particulièrement poignante et disons-le carrément écœurante.
En parallèle de la dénonciation du racisme envers les minorités, Shangri-La met également en avant une conscience écologique poussée, une volonté de l'homme à vouloir réhabilité la Terre. Autant de thèmes qui se trouvent abordés, non pas superficiellement mais de manière fouillée et travaillée et ce, dans le détail. L'auteur ne délaisse quasiment aucun de ses aspects, n'évoquent rien sans aller jusqu'au bout des choses, poussant parfois très loin la réflexion. Et c'est magistralement servit. | Il y a des centaines d’années, l’homme pensait que les chats pourraient le détrôner et devenir les maîtres du monde grâce à leur pouvoir hypnotisant ! Un tiers d’internet n’était composé que de vidéos de chats !!! Les gens passaient des heures à les regarder ! |
Outre la diversité des thèmes abordés et la richesse du scénario, quand on ouvre une bande-dessinée signée Mathieu Bablet c'est par le graphisme qu'on est d'abord happé. Et là encore, il signe un univers immersif des plus détaillés. Les planches sont soignées, stylisées dans une atmosphère à l'esthétique anguleuse. Et puis la colorisation des planches, qui a toujours revêtue une importance particulière pour l'auteur. Toujours autant accrocheur et surtout là encore, la réflexion est poussée à son extrême. A propos de la scène la plus horrifique de la BD l'auteur précise (dans cette interview) : "Il m’importait que dans toutes les scènes en intérieur l’éclairage soit artificiel, contrairement aux scènes dans l’espace avec une lumière naturelle. D’où ce jaune.", alors que le reste de l'album est dans des tonalités de bleu...
Alors malheureusement pour beaucoup de lecteurs, la fin bêche. Trop ouverte ou pas assez, nébuleuse à souhait, et puisque la distinction des personnages n'est pas toujours claire (autre bémol qui pourrait éventuellement amener à dévaluer l'œuvre de Mr. Bablet), l'on se met facilement à s'arracher les cheveux à savoir ce qu'à bien voulu nous laisser entrevoir l'auteur. Un infime espoir en l'humanité ? Après deux cents pages de consumérisme poussé, de racisme, de violences, on a malheureusement peine à y croire... Mais peut-être que ? Pourquoi pas ? Personnellement c'est ce qui m'a déjà séduit dans Adrastée et La Belle Mort, la fin. Quelle soit ouverte à l'interprétation du lecteur, elle engage forcément dans ce cas l'action du lecteur (en l'occurence sa réflexion). |
En Bref : Bien loin du Shangri-La utopique décrit par James Hilton en 1933, celui de Mathieu Bablet offre une vision pessimiste de ce que deviendrait l'humanité dans un huit-clos stellaire. Œuvre magistrale qui ne laissera pas insensible le lecteur, cette bande-dessinée a de quoi ravir les amoureux de SF et les amateurs de bulles.